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Sonig – Humble et grande maison de Cologne

On ne se lassera pas de le répéter. Il n' y aurait d'électronique que l'appareil, et partant de lá, que du pareil au même. Dans le grand feedback actuel des machines-outils, le célèbre trio auteur-éditeur-amateur n'a pas du tout disparu comme on nous l'avait une fois encore prédit. Sonig, le label de Cologne, s'attache au contraire à une serieuse politique des auteurs, des sons et de l'outil. C'est un label de qualité en ce sens qu'il démontre l'existence d'une pensée toujours vaste, vivante et contemporaine.

Il y a de très nombreuses manières de publier ou d’éditer, presque autant qu’il y a de pensées ou d’entendements. Cela ne fera pas pour autant cette chose tout différente en quoi consiste un label. Labelliser, c’est se donner un devoir, se poser la question des deux cotés de l’affaire, avant que les musiques n’arrivent sur les consoles de mixage tout comme ensuite sur les consoles des magasins. Faire un label c’est disons, faire une ligne elle-même faite de toutes sortes de lignes pas forcément convergentes. Lier du regard pour et par l’oreille et l’esprit. C’est ce en quoi le label Sonig se trouve être tout a fait central. Une ligne faite de mille paroles, sons, envies, mais une ligne. Un label, pourrait-on presque dire, puisque il vous faudra forcément plus d’une seule reférence pour comprendre cela. Et les grands labels vous font acheter (entendre), au moins dix disques pour commencer. Est-ce Cologne aussi qui donne ce sentiment d’être adossé à une histoire importante, passée mais plus que vivante en même temps? Toujours pour proposer un devenir, il faudra s’appuyer sur une histoire à rejouer. Et Sonig semble particulièrement libre de connaître cette histoire-lá, comme si c’était de cette manière que l’on pouvait prolonger, briser, recoller, démembrer pour mieux poursuivre.

Quatres disques ici qui ont cette rare particularité d’évoluer dans le même sens, seuls, mais aussi autrement et surtout bien au-delà d’une quelcqonque référence à un style. Ce sont des disques de musique, certes électronique mais pas uniquement. La bouteille ne cache pas le vin, il la crée, aussi, d’un même geste. »The age old age of old age« par Wevie de Crepon – Sonig 25 CD (les pages promos expliquent la raison de ce pseudonyme qui au fond semble presque logique au projet en soi). Trente-deux minutes de musique qui parlent en ce qu’elles disent autant par le verbe que par le son, le montage, les collages ou autres associations. On a presque envie d’écouter cela plage par plage, comme un bon livre ou comme un recueil de métaphores, pensées ou maximes. Sonig le précise fièrement et il y a de quoi, la machine est ici tout de suite au service de la parole, du discours, immédiatement recupérée elle-même, avalée par le déroulement de l’histoire.

»Tse Tse« de Niobe – Sonig 27CD – est une autre affaire. Yvonne Cornelius, nous dit-on, réside à Cologne depuis dix ans et réalise seule ce projet qui lui aussi s’inscrit au carrefour de diverses écritures. Chansons des années 50 qui font penser aux années 30 tout en faisant passer le traitement électronique pour déjà très ancien oú la voix prolonge et détourne sans cesse le propos. Un album totalement surprenant et inattendu, tel de l’art brut empruntant une tenue de scène à Josephine Baker. Et puis deux autres raisons encore d’entendre un son fort et de raison. Sonig-03CD, »Glam« par Mouse on Mars, le groupe quasi-eponyme du label. Une réédition de 98 qui permet aussi d’ouvrir une autre fenêtre, celle des soundtracks à proprement parler. Ici un travail permanent d’aller-retour entre l’écran et la console, entre une électronique plus fonctionnelle, cinéma mais aussi club, et un traitement des durées plus abstrait. Glam est un disque très particulier qui creuse une histoire à priori vide pour en construire une autre de traverse.

Sonig 26CD – ».Ilation« est un recueil de titres articulés, comp.ilation-magazine qui a le mérite de proposer un véritable disque- objet ainsi qu’une liste d’artistes particulièrement passionante. 18 titres dont ceux de F.x.randomiz, Oval, Ae, Scratch pet land, Mouse on mars, Microstoria ou encore Workshop et Fan club orchestra. Un véritable séminaire d’auteurs contemporains, un enchaînement de pièces à chaque fois uniques, représentatives et soudées. Sans doute l’une des belles exceptions en la matière, nettement au-delá du cahier des charges en vigueur dans ce genre. Aussi l’occasion de noter ou vérifier que parmis les pionniers de la laptop-music, le besoin ne se fait pas sentir de changer de mode à chaque saison. Comme si, et c’est souvent le cas, les premiers arrivés étaient aussi les premiers tout court. Un réel plaisir que de laisser défiler les titres de cet album puis d’y revenir. Deux fois celle-lá puis cinq points en avant enfin onze en arrière. C’est un disque quoi, pas uniquement une banque de données. Voilá un bien court aperçu du Label Sonig, qui réussit le pari de nous offrir 1000 choses à entendre dans ce vaste monde des musiques électroniques. Discours et différence, sens et détour, jeu et pensée, montage et histoire. De l’histoire en action, en devenir et un label qui sait produire et génerer les disques de demain. Une humble et grande maison
de Cologne.

www.sonig.com

Daten zur SONIG CLUB ROCK TOUR 2004:

Wed 14-05-2003 | 21:00 | q_musik no. 08:
scratch pet land, vert, f.x.randomiz & joseph suchy, dj frank dommert, dj lithops (aka
jan st. werner of mouse on mars) | KAPU Linz

http://www.qujOchOE.org/


Frank de Carvalho / redaction web

Parution dans la version allemande: skug Vol. 58, 3-5/2004
(Traduction: Alessandro Barberi)

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Text
Noël Akchoté

Veröffentlichung
14.12.2004

Schlagwörter


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