Impro-Micro-Acoustique belongs to one of my favorite genres – the meeting across generations. Composer Luc Ferrari, one of the progenitors of the musique concrète and a pioneer of electroacoustic music, has previously written scores for improvising musicians. But as a prior to Impro-Micro-Acoustique, Ferrari himself had never played the role of an improviser. He’s best known for his engagingly idiosyncratic compositional voice (or voices), and as an early participant in the Groupe de Musique Concrète and the Groupe de Recherche Musicale (GRM). At a time when his works are being revisited in numerous retrospectives, Impro-Micro-Acoustique sees Ferrari setting out in–for-him–uncharted territory. As regards sympathetic players for the project, Akchoté was an obvious choice. Equally so was Roland Auzet, who had previously passed the test of performing one of Ferrari’s demanding composed percussion parts. Impro-Micro-Acoustique finds Ferrari at the piano and utterly at home, cagey, witty, and wily. Improvisers generally opt for a documentary approach to recording. Stereo mics in a fixed position is part of the course. By contrast, Impro-Micro-Acoustique is a meticulously crafted assemblage of shifting sonic perspectives. It’s a play of depths, in which individual attacks come abruptly and unpredictably to the fore. It’s taut, edge-of-seat, aggressive interplay deployed within the wonderous frame-and frames within frames-of Ferrari’s montage.I still can’t quite believe that it exists. It seems more to be the type of weird hybrid project vaguely remembered from a dream.
David Grubbs, le 29 Octobre 2003
Impro-Micro-Acoustique
C’est une longue histoire.
En 1989, le conservatoire de Boulogne m’a demandé de préparer un concert avec des élèves en fin d’études. On m’a alors présenté Roland Auzet, percussionniste, et je lui ai demandé de travailler avec moi et un pianiste Cellule 75 qui est une pièce pour Piano et percussions relativement virtuose.Lors des répétitions, je me suis aperçu que non seulement il jouait ce qui était écrit mais en plus avec une sorte de gestuelle particulière et théâtrale, en somme une dramatisation de la partition. Cela a donné un très beau concert. Des années plus tard j’ai rencontré Roland et, d’une part, il étudiait l’informatique associé à ses instruments, mais il était aussi en train de monter une compagnie de cirque dont le propos était l’acrobatie musicale, c’est-à-dire que les acteurs jouaient acrobatiquement de la musique. C’était très bien.
Il y a quelques années, j’ai assisté à un concert d’improvisation, aux Instants Chavirés, une salle de concert dans un quartier destroyed de Montreuil. Noël Akchoté faisait partie des protagonistes. A la façon qu’il avait de jouer de la guitare, j’ai reconnu quelqu’un d’exceptionnel. Rien n’était normal dans son jeu ni dans ses sons ni dans son comportement musical. Il jouait de la guitare certes, mais plutôt à la manière ou nous jouions, aux débuts de la musique concrète, sauf que nous utilisions l’artifice du studio, alors que lui faisait des sons extravagants et nouveaux en direct et sans électronique.Je me suis permis d’appeler ça « les nouveaux concrets du temps réel ».Quelque temps après, dans les circonvolutions du hasard, je rencontrais Noël et nous sommes devenus amis.
C’est alors qu’il m’est venu l’idée de m’installer dans l’attitude d’improvisation. En effet, dans ma vie, j’avais préparé des séances d’improvisations et même écrit des partitions qui portaient vers cette préoccupation. Mais je ne m’étais jamais inclus dans les joueurs, sachant que j’étais nul. J’ai décidé d’oublier ma nullité, et j’ai proposé à Noël Akchoté et à Roland Auzet un rendez-vous expérimental dans les studios de la Muse en Circuit. Ainsi je m’étais mis dans une situation insolite avec deux spécialistes,virtuoses de la spontanéité alors que moi, j’étais un spécialiste de la réflection sur partition.J’avais une peur pas possible:»je me suis mis dans une sale histoire!« me disais-je.
Et puis on s’est mis au travail, mes copains ont été très gentils avec moi. Ainsi est né Impro-Micro-Acoustique …
Voilà l’histoire.
Luc Ferrari, 7 avril 2003.
Le micro-à-main, pour parler cuisine, j’en suis fou. ??a et mille choses encore. Mais ça, certainement oui. Ce micro-à-main-là, je n’y avais jamais, jamais goûté. Avant, puis après. Première impression palpable : on n’entend pas les tranches de son que l’on découpe lorsque l’on cisaille l’air, la tôle, l’objet avec. ??a renverse son monde, cette chose-là. Ben oui, les rapports en sont forcément changés (avec force), puisque c’est alors tout ce qui entoure le microphone qui devient densité potentiellement sonore, mais qui reste muette tant que l’on ne se prend pas à aller y trancher le silence. Avant, je pensais qu’un micro posé dans un endroit de la pièce (salle, studio, chambre, antichambre) ouvrait un champ, une cellule, une parcelle, un cadre ; ou plutôt, que ce micro ne faisait qu’enregistrer un plan plus ou moins fidèle ou décisif de cette chose sonore. Le micro-à-main, ça ne me semble plus du tout être le cas. C’est le couteau du boucher face à de la viande crue, ça découpe, ça invente, ça s’invente. Et pour rester quelque part entre la table et les cuisines (c’est tout de même un peu cela la situation de studio : la pièce des machines et la chambre où l’on déguste les sons, reliées par un couloir), le processus allait ici plus loin. Chacun de nous trois possédait ce micro-à-main qui nous reliait à un amplificateur et des haut-parleurs au bord du versement, à chaque instant dans la pièce. La moindre faute, inattention ou erreur de dosage et voilà que l’ampli se mettait à larsener en retour (ce que je dis verser). Il fallait donc manier l’objet avec une certaine idée, mais aussi certaines précautions ainsi que de la délicatesse au toucher. Le micro-à-main, c’est aussi la voix de l’aveugle qui se cogne au son dans la pièce. Et puis, oserais-je le dire ainsi, moi qui ne savais, au fond, de la musique concrète que très peu de choses, j’ai eu l’impression très nette de voir ce qu’il y avait de concret là-dedans en regardant Luc faire. Au début, je le voyais approcher, tel le chasseur, des zones de la pièce qui a priori pour moi n’avaient rien de sonore et d’un coup, le micro s’enfonçait dans un son. ??tait-ce Luc ou le son qui guidait l’affaire ? Qui fait le son ? Cette question peut nous entraîner sur la piste de l’improvisation que je connais, disons, un peu mieux. L’improvisation, c’est pour moi le laisser-faire. Autrement dit, c’est le discours de l’inconscient qui se déroule dans un cadre donné. Au lieu que ce soit une composition ou une interprétation, ou encore une volonté quelconque, il s’agit là d’une version. En quoi improviser, c’est aussi verser. D’où l’on décide de s’en remettre à ce qui serait en tant que tel, mais surtout en tant que déroulement d’un savoir préalablement acquis (le Sujet Supposé Savoir). Au fond, improviser, ça n’est rien d’autre que laisser son dire se dire lui-même, partant du principe que le reste, on le sait déjà – et pour cause. C’est même précisément lá que l’on peut commencer à improviser puisque de ce savoir, et plus que de tout autre, on ne sait quoi en dire. Mais bien sûr, j’aurais aussi voulu parler de cet enregistrement en tant que rencontre, retour ou détour ; en tant que matière, plus tard révisée par Luc (revisée), qui du coup me permet de m’y entendre autrement. Mais il est inutile d’utiliser le verbe pour illustrer tout cela, car c’est l’album qui parle de lui-même.
Noël Akchoté, le 22 Mars 2003.
DISCOGRAPHIE :
– Vient de sortir:
– »Impro-Micro-Acoustique« (2001) – 65′ Blue Chopstick, USA
Interprètes et compositeurs: Noël Akchoté, Roland Auzet et Luc Ferrari
– A Paraître prochainement:
Luc Ferrari
– »Far
-West News Episode 2 «(1999)
– »Quatuor avec piano« (1953) Signature, Radio France/Harmonia Mundi
Luc Ferrari
– »Far-West News Episode 3« (1999)
– »Fable de la démission et du cendrier« (1994) Signature, Radio France/Harmonia Mundi
Luc Ferrari
– »Collection de petites pièces ou 36 enfilades pour piano et magnétophone« (1985)
– »Jeu du hasard et de la détermination« (1999) Les Empreintes digitales, France/Harmonia Mundi
Discographie Sélective :
– »Acousmatrix« BVHAAST 9009 Acousmatrix 3 (1990)
– »Unheimlich schön« METAMKINE MKCD008 1993 Coll. Cinéma pour l’oreille
– »L’Escalier des aveugles« MUSIDISC 201302
– »Presque rien« MUSIDISC 245172 – produit par INA-GRM 1995
– »Piano-Piano« Auvidis Montaigne MO 782110 – 1997
– »Luc Ferrari – Cellule 75« Tzadik USA – TZ 7033 – 1997
– »Luc Ferrari Interrupteur/Tautologos 3« Blue Chopstick USA BC1, distrib. France: Chronowax – 1999
– »Luc Ferrari Chansons pour le corps – Et si tout entière maintenant« mode records USA MODE 81 – 1999
– »Cinéma pour l’oreille de Luc Ferrari« – 2003
– »Danses organiques« en vinyle LP ELICA 4VL 3704
Luc Ferrari in
– VA / OHM: »Early Gurus of Electronic Music, 1943-1980« Ellipsis arts. EA500-4 USA
Luc Ferrari in
– VA / »Early Modulations: Vintage Volts« Caipirinha CP219 USA
– »Far-West News« Signature, France ASIN: B00005Q4KU – distribution Harmonia Mundi -1999
– »Luc Ferrari Cycle des souvenirs (1995-2000)« Exploitation des concepts N° 2 Blue Chopstick USA BC8, distrib.France: Chronowax – 2002
– »Luc Ferrari – Tautologos and other early electronic works« (oeuvres de 1959 à 1966) EMF et GRM. EMF CD 037 – 2003
Frank de Carvalho / redaction web